Les tapotements convulsifs de faux ongles sur un clavier d’ordinateur, le son d’une cuillère à café qui se heurte contre les parois d’une tasse sur la quelle est écrit «I Love New York» ou «Juste un sucre», les blagues sexistes de tes deux porcs de collègues… bienvenue dans le monde merveilleux du taff trendy ou les gens sont conviés à travailler dans un espace commun.
Alors oui, les actionnaires d’une boîte ou les chefs d’entreprise justifieront souvent cette idée de merde par un maudit: «ça stimule la productivité et ça encourage les gens à œuvrer en équipe». Oui, mais non ma gueule. Si on croit vraiment à ce genre de conneries, c’est qu’on a strictement aucune idée de ce qu’est le monde du travail – en tant qu’employé j’entends. Ou alors, c’est qu’on est complètement à la masse.
C’est pas moi qui l’dis, c’est la science, okay?!
Desolée mais si rassembler tout et n’importe qui dans la même pièce était une bonne idée, ça se saurait. Pour preuve, des chercheurs de Harvard ont constaté que plutôt que de «favoriser une collaboration en face-à-face dynamique, l’architecture ouverte [semble] provoquer une réaction humaine naturelle, qui est de s’isoler socialement de ses collègues et d’interagir plutôt par mails et messagerie instantanée». De même, des données fournies par un chercheur de l’Université de technologie d’Auckland, recueillies auprès de 1000 personnes interrogées, suggèrent que les employés qui bossent dans un open space entretiennent des relations de qualité inférieure à celles des employés qui travaillent dans des bureaux privés.
Franchement, entre le community manager qui n’a rien d’autre à foutre que mater des vidéos de chat volume pleine puissance ou la collègue qui pense à haute voix les yeux rivé sur son écran d’ordinateur, j’ai effectivement connu mieux niveau relations entre collègues. Sans parler de ma capacité à me concentrer…
Alors qu’on soit clair, l’open space, c’est juste pour faire genre on taff dans une entreprise prospère et qu’on s’entend tous trop bien alors qu’en vrai, on a qu’une envie:
1. Baffer celle qui fait du bruit en suçotant la pipette de sa gourde en plastique façon Tupperware de nana super hype
2. Balancer un gros «FERME TA GUEULE» à celle qui a le même rire que belette dans «Les Animaux du Bois de Quat’sous»
Par conséquent, l’open space ne profite clairement pas aux salariés. Bien au contraire. Le projet derrière les espaces ouverts est en fait digne d’un business plan de haute qualité: faire des E-CO-NO-MIES pardi! Bah ouais mec, pourquoi payer pour plusieurs espaces individuels alors qu’on peut foutre tout le monde dans un même carré climatisé qui feraient rougir les poules d’élevage au sol? Quant à l’argument: «ça stimule la productivité et ça encourage les gens à œuvrer en équipe», c’est pour mieux te couillonner ma gueule…

Oui mais le truc, c’est que cette initiative pour faire des économies est en fait un véritable piège à cons. Bah oui. Nous, pauvres employés, sommes moins concentrés donc moins productifs. Sans oublier que s’il y a un trou du cul qui tombe malade, c’est tous les autres qui régalent et par conséquent: congé maladie pour tout le monde. OLE! Dès lors, pour les économies, on r’passera…
Alors pardonnez mon audace mais je rêve d’un bureau façon cellule blanche, vide et souterraine pour péter en paix, faire des postu peinard pour un taff un peu moins à chier, ou encore écrire des chroniques incendiaires tranquille sans avoir peur que mes collègues ne lisent ces lignes et se sentent visés.
Bref, vivre ma vie et tenter de niquer le patronat à mon échelle. Alors donnez-moi du café et des Farmers à travers un trou et regardez-moi y prospérer OKLM. C’est tout ce que j’demande.