Il y a quelques jours, c’était grosse discussion politico-philosophique à un bar entre potes. On parlait Macron, du concept chelou du parti «les Verts-Libéraux» ou encore de notre place dans l’univers. Généralement, on était assez d’accord sur à peu près tout. Jusqu’au moment où on a abordé le sujet grève du 14 juin. «Ouais de toute façon, on est pas invités», gémit un pote d’un air dépité.
Pour commencer, voici une petite mise en contexte afin de bien comprendre de quoi ça s’agit il s’agit. Le 14 juin 1991, les femmes étaient comme des oufs et descendaient dans les rues pour manifester. Cette grève avait pour but de faire appliquer l’article constitutionnel (fédéral) sur l’égalité hommes-femmes inscrit dix ans avant, le 14 juin 1981. Ouais, parce que même si théoriquement l’égalité hommes-femmes allait de soi depuis déjà 10 ans, bah elle n’était toujours pas appliquée en pratique. #GrosEntubageAvecDuGravierBONJOUR
28 ans après, les meufs ont décidé de remettre ça et de dénoncer les inégalités salariales (bien que selon la loi, bah on est censées être payées la même que nos homologues masculins), le harcèlement et j’en passe… Bref, le but de la grève: passer à l’offensive, se faire entendre et exiger le respect des droits des femmes.
Jusque-là, tout le monde est à peu près d’accord sur l’utilité de cette grève (à part quelques inconscient.e.s).
Et puis, scandale. Selon la légende, les mecs ne seraient pas conviés à la fête. «SHAME, SHAME, SHAME SALETÉS DE FEMINAZIS» peut-on presque entendre résonner au loin.
Alors rectification: La grève n’est pas contre les hommes mais contre un système patriarcal. Ou comme l’explique parfaitement le collectif vaudois sur sa page Facebook: les hommes sont invités à être solidaires. On leur demandera simplement de ne pas être au-devant de la manifestation et de se tenir à l’écart.
Bonne nouvelle donc si t’es un mec: TU ES DE LA PARTIE MON GARS! Plus besoin de pleurer comme à l’époque où Kevin, 5 ans, n’avait pas prévu de t’inviter à son anni au McDo de Crissier.

Ouais sauf que pour certains apparemment, rien que l’idée de ne pas être au centre de toutes les attentions, c’est problématique m’voyez… Jadis aussi tu avais chialé comme jaja quand Kevin (qui t’avait finalement bien invité à son anni) avait eu le droit d’aller sur les genoux de Ronald, lui… «Mais c’est pas ton jour à toi», avait dit maman. C’était moyennement efficace, mais tu avais fini par t’y faire.
Plus sérieusement, si l’idée ne pas pouvoir être sur le devant de la scène s’avère être plus importante que la grève elle-même, c’est que tu n’as peut-être pas tout compris au concept. Il s’agit en premier lieu, je précise, de la grève DES FEMMES. J’dis ça, j’dis rien. Il suffit de savoir lire…
Et si tu veux quand-même mettre tes forces aux services de la grève (en pensant avec tes neurones et moins avec ton ego), voici quelques pistes.
Tu peux:
1. Prendre en charge les enfants pendant la manif
2. Assurer le taff domestique pendant la manif
3. Rejoindre les Collectifs d’hommes solidaires, dans les cantons de Vaud, Neuchâtel, Fribourg, Valais, Berne, Genève, sur des lieux de travail, comme à l’OFS, l’UNIL-EPFL ou ailleurs
4. Mobiliser ton réseau et faire de la pub pour la manif
5. Aider à la cuisine/installation/rangement/musique pendant la manif
….
Et si tu te sens diminué parce qu’on te demande de faire ces quelques tâches, dis-toi que les meufs font ça depuis la nuit des temps et que c’est pas demandé gentiment mais exigé au quotidien car c’est inscrit dans la norme…
Et si tu te sens diminués parce que tu ne seras sans doute pas le centre de l’univers ce jour-là, dis-toi que les meufs sont au second plan dans bien des domaines et ce, depuis belle lurette (pour de pas dire depuis toujours). De la langue française, au monde du travail (en matière de salaire, mais aussi en termes de représentations dans plusieurs domaines, ainsi que dans les postes à responsabilités) en passant par l’éducation (combien peux-tu citer de figures historiques féminines en comparaison aux personnalités masculines? Cléopâtre, oui, bien… mais encore… non? Rien? Bah voilà).
Et si tu te sens diminué parce que tu penses n’avoir rien à y gagner durant une journée, c’est bien dommage.
Et si tu te sens diminué par ce qu’on appelle «l’égalité», tant pis, c’est ton problème. On défilera quand-même. «PARCE QUE C’EST NOTRE PROJET», comme disait l’autre…
