«Madm…», «Bonjour, j’aimerais comm…», «J’m’excuse, ce serait possible de passer notre co»… Et oui, cette situation de merde, tout le monde la connaît. Être là, dans ce maudit bar, impuissante… tentant de passer une commande depuis déjà 20 minutes. En vain, puisque la serveuse a décidé que ta petite gueule ne lui revenait pas…


Hier, après le taff, mes collègues et moi avons eu la merveilleuse idée d’aller prendre l’apéro. C’est donc plein d’allégresse et d’insouciance que nous nous sommes rendus dans notre café préféré. On a directement trouvé une place, tout allait bien dans le meilleur des mondes, jusqu’au moment de passer notre commande. Enfin, si seulement on avait pu la passer en fait…

Oui, à chaque fois que nous élevions la voix ou que nous étirions le bras en guise d’appel, la serveuse nous ignorait royalement. Le tout en détournant le regard, sans oublier de passer la main dans ses beaux cheveux longs en mode: j’suis une star beaucoup trop occupée à me recoiffer, sorry.

Cette meuf n’a clairement pas le temps pour les clients.

Du coup, en attendant que quelqu’un daigne ramener son boule pour me filer mon thé froid maison, j’ai imaginé plusieurs théories.

1. Ma gueule ne lui revient pas. Je dois ressembler à la nouvelle nana de son ex, ou pire, la nana avec qui il l’a trompée.

2. Elle a eu une journée de merde. Du coup, elle fait payer tout le monde

3. Elle nique le système et s’en fout d’être virée. Son patron est un vrai connard de toute façon.

4. Je sèche…

Et comme si ce n’était pas assez, mes potes ne trouvent rien de mieux à faire que de me désigner moi, comme celle qui devra réussir la mission ultime: attirer son attention. Leur excuse: «C’est ton tour». Merci les gars…

Alors, je fais tout ce qui est en mon pouvoir – tout en essayant de rester polie – de capter son regard. Mouvements frénétiques du bras, rester inerte façon statue de la liberté, mon portable à la main en mode lampe torche, divers appels à l’aide d’une voix tellement suave, qu’il s’avère trop facile pour elle de les esquiver…

Franchement, j’aurais tout essayé. Quand soudain, me vient l’idée de génie! La carte de la politesse étant clairement grillée depuis trop longtemps, je lève le bras calmement, je tends le poing, je respire un bon coup, et je dégaine mon majeur. Je reste comme ça, immobile, silencieuse, confiante, puissante.

Oupsiiiii

Et là, comme par hasard, elle me voit. Je n’ai rien dit, je n’ai pas bougé, je ne l’ai même pas regardée. Bizarrement, elle m’a remarquée en deux deux… Et ça mesdames et messieurs, c’est ce qu’on appelle la magie du fuck. Un seul et unique doigt levé et on te surprend direct. C’est inexplicable. Mais ça marche.

Pour le coup, mes collègues sont entre rires et embarras. De toute façon, c’est de leur faute. C’est eux qui ont voulu que j’attire l’attention de madame. Au moment où machine vient vers moi, énervée, je la prends clairement pour une débile. «Ah purée, pardon. Non c’était pas pour toi. C’était pour Patrick, c’est mon pote là-bas derrière. On se connaît. Salut Paaaat!». Tout ça en saluant ce barbus assis à la table d’en face, que bien entendu, je ne connais ni d’Eve, ni d’Adam.

Si son projet de base était de tenter de m’éviter pour se garder de faire du taff en plus, le mien a été de capter son attention coûte que coûte et ce, malgré moi. Mais cette histoire est bien loin de finir là. Et oui. Parce qu’un projet en cache souvent un autre, mon thé froid maison sera certainement surmonté d’un crachat. En forme de cœur tout de même, je l’espère. Je n’ai pas fait tout ça pour rien. #YOLO